Un chef d'oeuvre bouleversant ! Le film de l'année !
Bouleversante la relation d'un père, le grand Torero Antonio Villalta, et de sa fille qu'il ne peut supporter de voir tant elle lui rappelle son épouse défunte adorée. De surcroît une fille et non un fils à qui il aurait peut-être pu enseigner les rudiments de la Tauromachie. Mais Carmencita (la sublime Macarena Garcia) va se révéler une fille éblouissante avec qui il fera bon tournoyer dans les rayons du soleil transperçant les volets de la chambre close, et qui surprendra par son don pour toréer, sa dextérité à manier la muleta et sa détermination à donner l'estocade. Ces scènes intimes, père/fille, sont d'une rare sensibilité. Nos larmes coulent, coulent, mais elles ne sont pas provoquées par les méchancetés de la marâtre, c'est le registre élégiaque racinien subtilement développé qui vient toucher notre coeur : Carmen vit dans le regret de ne pas avoir connu cette merveilleuse danseuse de Flamenco que fut sa mère et à qui elle et sa grand-mère rendent hommage en faisant tournoyer leurs mains au-dessus de leur tête sur la musique (Gomez) envoûtante d'un gramophone, et Carmen vit dans le funeste espoir d'être un jour reconnue de son père ! Il s'agit bien là du regret d'un passé révolu et d'un futur qui se fait attendre... la Reconnaissance des grandes tragédies... se reconnaître sans se connaître...
Bouleversant aussi cet hommage rendu au cinéma. Nous reviennent en mémoire l'image du praxinoscope, et le monde d'illusion aux multiples miroirs qu'il fait tournoyer et qui symbolise cet espoir que Carmencita nourrit au sujet de son père, des scènes à la Murnau dans un décor naturel un peu brumeux, dans l'Aurore aussi un ange est sauvé in extremis de la noyade... le souci constant du détail en gros plan : dentelles, bouton, passe bouton, motifs, tissus, orfèvrerie, dessins géométriques, volutes...la photographie absolument sublime par les contrastes qu'elle met en oeuvre...
Tout est d'une beauté vertigineuse, même le monstrueux : la Tauromachie dont on perçoit la grande, belle, et si dangereuse intensité, le sadomasochisme et la mort sont mis en scène dans leurs plus beaux apparats. Berger à la manière de Victor Hugo lorsqu'il créa le drame romantique, a su merveilleusement bien mêler le grotesque au sublime.
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