Iris cerclé de noir d'une longue vue pointée sur un décor alpin
"Tu vois la montagne là-bas ? Tout paraît très proche : c'est l'avenir"
L' octogénaire pivote alors la longue vue dans l'autre sens pour que la jeune fille regarde le décor à travers l'autre lentille
"Maintenant tout paraît loin : c'est le passé"
Sorrentino a l'art d'aborder les sujets graves de l'existence par des métaphores merveilleusement poétiques et cinématographiques. Dans ce film, bien sûr la question de la fuite du temps est abordée mais aussi les questions de l'engagement dans les arts, qu'il s'agisse de musique ou de cinéma, de la parole donnée, de la vérité et du mensonge, des relations familliales, de la santé, de l'épanouissement personnel et en couple, de la vie, de la mort... et toutes ces questions sont traitées sous différents points de vue car tout dépend de quel "bout de la lorgnette on se place...".
La photographie réalisée par Lucas Bigazzi qui a épaulé Sorrentino dans tous ses tournages et notamment dans ses deux précédents chefs d'oeuvre La Grande Bellezza et This must be the place, la musique choisie orchestrée par David Lang, le décor qui n'est pas sans nous rappeler The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson, tout contribue à la beauté, à la légèreté et à la profondeur de ce film. Sans oublier bien sûr le jeu incomparable de Michael Caine (déjà dans la GB) et d'Harvey Keitel montrant une fois de plus qu'il est capable de tout jouer de Fingers à Youth en passant par La leçon de piano.
Et puis avant toute chose la douce folie de ce réalisateur passionné et épicurien : ne sommes nous pas sepctateur de ses films comme ce voltigeur en parapente atterrissant au beau milieu d'un concerto de vaches alpines aux cloches sonnantes...
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