Ce mercredi 21 septembre 2016 l'option Cinéma-Audiovisuel a décidé de partager la sortie du dernier Dolan : Juste la fin du monde au cinéma Mazarin qui a eu la gentillesse de nous faire bénéficier d'un tarif très réduit (Merci Gaël et Isabelle)
Bien entendu tout le monde a reconnu le style incomparable de ce jeune brillant réalisateur québécois.
Sa capacité à exprimer cinématographiquement la difficulté de communiquer déjà remarquable dans J'ai tué ma mère, ici par les gros plans isolant les personnages dans le cadre, la profondeur de champ et le jeu sur la mise au point floutant l'un des deux personnages dans le champ, le positionnement écarté des personnages tentant de s'interpeler d'une pièce à l'autre, ou encore l'un des personnages, que l'on songe à Vincent Cassel triturant une feuille du ficus, tournant le dos aux autres.
Sa fluidité dans la prise de vue : la caméra en suspension passe d'un personnage à l'autre, enveloppe de près, s'attarde sur un détail charmant et s'en rapproche lentement, la nuque de Marion Cotillard, la fossette de Gaspard Ulliel...
Sa capacité à nous faire revivre les années 80 : costumes, maquillage - Nathalie Baye s'est laissée embarquer jusqu'au bout du projet et donc jusqu'au bout des ongles bleu pailleté - décor, papier peint, horloge coucou, séance de gym tonic, les falsh backs aux tonalités chaudes et lyriques...
Son goût pour les implosions familiales : le crescendo de celle-ci sur fond de canicule et d'orage est remarquablement jouée et filmée.
Son goût pour les acteurs vrais : Vincent Cassel est époustoufflant dans ce rôle d'homme lucide en souffrance qui ne supporte plus la comédie donnée à celui dont il sait qu'il a un aveu terrible à faire car sinon il ne serait pas revenu. Il est grinçant, nerveux, impatient, suceptible, violent, il est plus adroit avec les poings qu'avec la parole et bouillonnne tant la comédie a assez duré. Marion Cotillard joue extrêmement juste également cette petite femme proprette et gentillette qui multiplie les gaffes parce qu'elle veut trop s'excuser, trop y mettre les formes, trop résoudre la malaise général... Nathalie Baye, enfin, dans ce double jeu qu'elle doit tenir : la grande comédienne du dimanche heureux en famille, la femme d'expérience lucide qui tente de guider ce navire à la dérive...
Mais tout le monde n'adhère pas à l'univers Dolan, ce fut le cas de quelques garçons qui n'ont pas été transportés. Et surtout d'avis presque général, le début de cette transposition de pièce de théâtre a eu du mal à démarrer. Quoi qu'il en soit ce fut un magnifique moment de partage en salle puis en classe et c'est ça ce que doit être le cinéma !