Nous avons testé pour vous ce petit bijou d'humour noir proposé par la compagnie Plexus Polaire, mis en scène par Yngvild Aspeli, avec à la lumière notre régisseur préféré : David Farine.

   Ophélie, marionnette à taille humaine, apparaît à nos yeux comme presque réelle, susceptible à tout moment de devenir vivante pour de vrai, et pourtant elle est manipulée par deux personnes, Pierre Tual et Polina Borisova,  dont on oublie bien vite que sans elles Ophélie ne peut pas bouger.

   Celle-ci est une vieille dame qui a toujours rêvé de devenir actrice ou chanteuse d'opéra. Enfermée dans sa solitude, elle s’entoure peu à peu d’ombres qu’elle transporte dans son sac à main le jour, et met en scène la nuit...

Les yeux des marionnettes, car il y en a d'autres dont une espèce d'animal en fourrure dont les attitudes provoquent vraiment le rire, sont des billes de verre qui scintillent au point de nous faire croire qu'ils sont animés par la vie.
  La prise de relais des deux marionnettistes est incroyablement rapide et fort bien dissimulée par leur jeu d'acteurs.

Ce sont de véritables professionnels formés à l'Institut International de la marionnette de Charleville-Mézières qui, soit dit en passant, a vu aussi éclore l'un de nos plus grands poètes... Arthur Rimbaud.

Ce qui nous a vraiment plu c'est l'hommage rendu aux origines du cinéma, à la lanterne magique, au théâtre d'ombres, et au cinéma d'animation Looney Tunes né dans les années 30 aux Etats-Unis.

La compagnie a repris le principe qui consiste à tendre une toile translucide cerclée et à faire bouger des marionnettes d'ombre (figurines noires découpées tenues par une tige) entre elle et une lampe.

Les cauchemars les plus amusants prennent alors vie. Il est intéressant de noter qu'en déplaçant un décor (immeubles, réverbères, sapins...) en arrière, la compagnie a pu faire croire à l'avancée du personnage vers nous et au travers d'une ville ou d'une forêt, ce qu'il est si difficile de réaliser en cinéma d'animation sur transparents par exemple. 

Remarquable également la mise en oeuvre de l'alternance des points de vue (subjectif et externe) permettant tour à tour de susciter l'angoisse par empathie ou par anticipation. 

Le spectacle va bientôt tourner, et pour toutes ces raisons il ne faut pas le louper !