S'ouvrir à de nouveaux horizons

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Ne laissez plus chez vous cette partie de vous-même qui constitue votre identité propre : faites du cinéma ! Epanouissez-vous dans un projet de film, développez vos compétences artistiques, aiguisez votre regard, venez à la rencontre de l'autre, développez votre esprit critique, améliorez votre maîtrise des outils du cinéma et de l'audiovisuel, et ouvrez-vous à l'international !

dimanche 28 avril 2024

baiser

Plus de 2h de film que l'on ne voit pas passer : rythme, intensité dramatique, lyrisme, alternent avec virtuosité. Xavier Dolan l'avait déjà prouvé dans "J'ai tué ma mère" et "Laurence anyway", il sait varier tempos et émotions dans un cinéma passionné et passionnant.

 

L'intensité dramatique "coup de poing" des querelles mère/fils et des crises de Steve, personnage on ne peut plus attachant tant il est tout amour pour sa mère au point de vouloir l'en étouffer. Le jeu extraordinaire du jeune acteur Antoine-Olivier Pilon y est aussi pour beaucoup. Les plans se raccourcissent et s'enchaînent, se télescopent, se percutent comme les personnages à l'intérieur. La société est doublement condamnée dans ce film : condamnée pour poursuivre sans relâche de ses huissiers une mère seule tentant d'éduquer un enfant aux troubles comportementaux sérieux, et condamnée pour proposer à cette mère qu'elle accule, une solution finale terrible pour son enfant.  

format1Les pauses lyriques où Steve se sent bien, se sent libre, sur sa longboard ou sur un caddie au travers de travellings lents au ralenti qui ne sont pas sans nous rappeler ceux de Paranoïd Park de Gus Van Sant. La lumière scintille autour de lui, les bruits de la rue s'amenuisent. C'est à ce moment-là que le format redevient le 16/9 qui avait été rogné façon 4/3 allongé vers le haut format photo. 

 

bulleDolan a apporté un soin tout particulier à la lumière et au son lors du tournage, n'oublions pas qu'il s'est chargé aussi du montage, ceci explique cela. Bien que l'histoire se déroule en 2015, il nous transporte dans les années 80-90, pellicule 35mm, températures chaudes de ce qui, nous le ressentons comme tel, est imprégné de souvenirs d'enfance. L'univers sonore matérialise un endroit puis un autre laissant hors champ le précédent en sourdine. Les sons s'étouffent lorsque le point de vue devient interne dans le mal-être. Le travail réalisé en montage est magnifique de sensibilité, de rythme et de respirations, mais aussi d'une surprise bouleversante en fin de film.

femmemreLes deux actrices Anne Dorval (déjà la mère si drôle dans "J'ai tué ma mère") et Suzanne Clément, sont époustouflantes de vérité. Diane est une mère exhubérante et prolixe qui s'accroche au rôle qu'elle doit jourer (the show must go on!) pour tenir dans cette vie "merdique" que le destin lui a infligé. Kyla est son antithèse car elle a perdu la capacité de parler après un choc émotionnel, et est plutôt guindée. Magnifique idée de les avoir fait se rencontrer autour d'une souffrance maternelle commune pour tenter de s'en sauver. Ce film passionnant et passionné nous a bluffés. 

Oui, encore merci Xavier Dolan pour ce grand grand moment de cinéma !

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