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dimanche 28 avril 2024

The Revenant 22 620x413   A travers l’histoire (vraie) d’un trappeur laissé pour mort qui s’en va braver les éléments pour assouvir sa vengeance, le film d’Alejandro González Iñárritu se pose comme réflexion sur la naissance d’une nation, méditation métaphysique et démonstration de force technique repoussant encore les limites atteintes avec le précédent film (Birdman).

 

   Le réalisateur perfectionne son usage du plan-séquence impossible et donne à voir des scènes d’action parmi les plus spectaculaires et longues jamais produites. Celle de combat avec l'ours, une grande course poursuite à cheval... luttent ostensiblement contre le Final cut des studios. La musique, très belle, de R Sakamoto (Furyo, Le Dernier empereur...) vient avantageusement combler la rareté des dialogues. La photographie - les vues de paysages, le sens de la lumière dans une très belle scène de duel dans une clairière enneigée -- est de loin le point le plus remarquable de ce film. L'usage du grand angle est vraiment poussif et se révèle loin de la maîtrise de Tarkovski (modèle revendiqué). Le film présente de nombreuses longueurs et un scénario pas toujours abouti que ne saurait faire oublier la performance (physique) de Di Caprio. Lui a su ne pas en faire trop.

   Le vrai sujet du film semble être le fondement de la Nation ? Sur quoi repose-t-elle ?

   Si Tarantino dans les Huit salopards répond : sur une justice de parade (civilisée), qui au final ne se différencie pas de celle du Far West, Iñárritu lui répond sur la justice de Dieu. La réponse à cette question apparaît sur un écriteau accroché au cou d’un pauvre Indien pendu : "Nous sommes tous des sauvages", résumant un message qui parcourt tout le long du film. Même si c'est sur l'impossibilité à représenter la sauvagerie, la vraie, que le film, en dernier lieu, se perd. Ainsi donc, pour le réalisateur, nous serions tous des sauvages, colons, colonisés et animaux, tous emportés dans un même élan tragique, tous guidés par une même furie incontrôlable. Viennent s'ajouter à cela, l'incompréhension, la perversion de l'argent, les préjugés... A qui la faute ? Dieu, c'est lui qui nous a créés ainsi et c'est à lui seul qu'il est permis de juger... C'est là la fatalité de l'homme, son destin. Voici au final la morale du film, caricaturale et la réponse à la fameuse question : C'est sur la religion ( sous le regard de Dieu) que la Nation américaine est construite, c'est elle qui la guide. Message ressassé et assez dérangeant.

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Commentaires (2)

  • "...galloping horses and thousands of cattle is not necessarily cinema. That is what I call photography." disait ce cher Hitchcok dans une de ses nombreuses interviews.
    De la photographie... C'est exactement ce qu'est "Le Revenant". Un bel album d'images prises dans un cadre naturel sauvage de toute beauté que des moyens techniques élaborés rendent spectaculaires.
    Il manque à cet ensemble de photographies une profondeur de trame, des personnages moins superficiels, moins caricaturaux, une intrigue moins prévisible et une réflexion plus convaincante sur la nature humaine pour en faire un grand film.
    En gros, un trappeur grièvement blessé par un ours est abandonné dans une nature hostile par ses compagnons qui, le jugeant incapable de survivre à ses blessures, l'enterrent encore vivant. Contre toute probabilité le trappeur, animé d'une détermination farouche et d'un désir insatiable de vengeance, survit à son calvaire au prix d'efforts surhumains et parvient à retrouver ceux qui l'avaient laissé pour mort.
    En chemin il rencontre un indien qui lui sauve la vie. Ironiquement il retrouve plus tard ce même indien, pendu à un arbre. Un écriteau accroché à son cou dévoile un message qui apparaît en filigrane tout au long du film :"Nous sommes tous des sauvages".
    C'est tout. C'est banal et ça dure 2 heures et demie avec des dialogues minimalistes. Une heure de moins aurait largement fait l'affaire.
    Dépouillez un homme du fragile vernis de civilisation qui l'habille, placez-le dans une contrée hostile et vous en faites un animal à l'état brut dont le seul but est de survivre à tout prix. Ajoutez une pincée de lucre et l'homo sapiens n'hésite pas à faire la peau de ses congénères après avoir fait celle des bisons et autres castors.
    Le schéma de la colonisation a presque toujours été le même : d'abord arrivent quelques aventuriers, coureurs des bois, suivent ensuite l'armée, les missionnaires et les fermiers défricheurs du terrain. Tous sont confrontés aux populations indigènes qu'il faut exterminer pour laisser place à la "civilisation". La loi du plus fort règne en maître. Afin de se donner bonne conscience on invoque Dieu et pour tuer définitivement toute velléité de révolte on sépare les enfants des parents en les endoctrinant dans des écoles religieuses.
    Dans ce récit, nous en sommes au stade premier et primaire de l'occupation du sol.
    De là à y voir une réflexion métaphysique sur la condition humaine et une présence divine, il y a un pas que je n'oserai franchir.
    Un grand film ? Non. Un beau diaporama, sans plus.

    Dernière édition du commentaire il y a environ 8 ans par Socrates
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  • Une photographie et une intensité dramatique à couper le souffle. Inarritu a aussi inséré la fameuse photo de la montagne d'ossements de bisons symbolique de cette civilisation américaine qui s'était donnée pour but de civiliser l'ouest mais dont les trappeurs, colons, soldats, se sont conduits en plus barbares que ne l'étaient les "natives" qu'ils voulaient civiliser. Peut-être cette partie civi pouvait-elle être davantage développée. The Revenant demeure toutefois un grand film.

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