S'ouvrir à de nouveaux horizons

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dimanche 28 avril 2024

Un Vinterberg au sommet de la précision et au plus près de l'émotion à l'état brut.

la-chasse-de-vinterberg     Oui, une sacrée précision, tout est méticuleusement pensé sans fioriture.  Chaque plan est motivé, est nécessaire à l'intrigue et à la peinture des vices dont on veut que l'on perçoive les dangers: depuis la démonstration de virilité dans le lac glacé au début du film, jusqu'aux cinq plans, plus subtiles, montrant l'évolution inquiétante du frère de Klara dans un contexte familial assez rustre où les querelles de ménage ont pris le dessus et où les enfants sont livrés à eux-mêmes sans qu'on prenne le temps de les éduquer et de dialoguer avec eux.

Cinq plans tout au plus, et tout est dit. Les allusions sexuelles sont peu nombreuses mais savamment orchestrées afin que l'on comprenne d'où une enfant de 3 ou 4 ans peut tenir les éléments sur lesquels reposeront son mensonge : Klara, dont on souligne le jeu extraordinaire et dont le petit nez ne s'allonge pas mais renifle lorsqu'elle ment, a tout appris de sa propre famille qui pense être au-dessus de tous soupçons, et où pourtant le "coup de pied au cul" est banalisé, et où pourtant le frère aîné fait voir à Klara des images porno pour rire, à l'insue de ses parents. La Chasse, c'est un réquisitoire contre l'enfance sacrifiée au sein d'un monde de brutes avant même d'être un réquisitoire contre les méfaits d'une rumeur non fondée.

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     La Chasse c'est l'annonce terrifante d'une machine infernale dans sa lancée : si l'on ne prend pas conscience que l'enfance doit être protégée, si les parents ne prennent pas conscience que leurs enfants doivent être préservés de leur monde d'adultes, la société engendrera peu à peu ce qu'elle-même désigne des monstres. Quelle terrible métaphore Vinterberg en propose à travers ce fusil transmis de génération en génération !

    L'opposition est bien choisie entre les plans d'ensemble montrant la beauté sublime de cette forêt en automne où évoluent, dans une religieuse sérénité, biches et cerfs, et les gros plans bousculés d'hommes à peine civilisés qui commencent par chahuter, et finissent par s'insulter, cogner et tuer. Les raccords eux aussi sont bien pensés : l'on se rappelle du plan du couple Lucas et Nadja auquel succède le plan des cerfs et biches de la forêt. Lucas devient à son tour l'animal pur et cependant traqué. Les acteurs sont tout à la fois impressionnnants de vérité et monstrueux dans leur jeu, leur gestuelle, leur vocifération, leur corpulence et leurs traits, raison pour laquelle Vinterberg les a choisis. On a bien sûr reconnu Thomas Bo Larsen qui jouait déjà le frère monstrueux de Festen.  En ce sens là, La Chasse est en quelque sorte la suite de Festen dans la mesure où l'on voit les enfants que peuvent engendrer des personnes comme Michael dont l'héritage est pour le moins bien lourd. On ne contestera bien évidemment pas le prix d'interprétation qu'a pu obtenir Mads Mikkelson dont le jeu nous prend aux tripes, tout particulièrement dans la scène du supermarché ou dans celle de la messe de Noël : son jeu dans ce film va de l'homme enfant, au père divorcé, et passe par l'accablement contenu, la rancoeur contenue, la violence contenue, jusqu'à l'explosion de violence, de chagrin et de sentiment d'injustice : admirable.

 

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