Après s'être attaqué au nazisme dans Inglorious Basterds, Quentin Tarantino a décidé de mettre en scène un fameux réquisitoire contre l'esclavagisme d’avant la guerre de Sécession, et de manière plus générale contre le caractère violent et malsain d'une certaine population arriérée du Sud des Etats Unis forgeant ses propres lois selon celle du plus riche et du plus fort qui pour dominer maintient la terreur, la pauvreté et l’ignorance.
Il bouscule les images édulcorées véhiculées par des films comme Autant en emporte le vent, et rétablit la vérité à grands coups d’hémoglobine. Aucun instrument de torture utilisé à l’époque n’a été oublié, et les tarés isolés sur les terres de la plantation de Calvin Candie ne sont pas sans nous faire penser à ceux du film Délivrance de John Boorman qui traite au final du même problème : l’homme délaissé à l’état sauvage devient taré (au sens propre du terme), violent et vicieux, capable des pires exactions.
Le personnage principal, n’est pas celui auquel on s’attend : 
Le Dr King Schultz, dentiste allemand converti en chasseur de prime interprété par Christoph Waltz, remporte haut la main sur Django, tant et si bien que pour le spectateur, sa mort signe la fin du film qui semble du coup un peu à rallonges inutiles. Oui, Christoph Waltz, décidément quel grand acteur, et quel beau rôle Tarantino lui a-t-il encore donné là ! Humour à froid, et dualité de ce docteur à la fois chasseur de prime et homme civilisé et lettré au grand cœur… on ne s’en lasse pas. Formidable la scène où il apprend à Calvin Candie, ce jeune parvenu crétin que l’ennui a rendu vicieux, qu’Alexandre Dumas dont il admire l’œuvre littéraire qui a bercé son enfance encore récente, n’est autre qu’un métis. Le duel ne se résume pas à celui du révolver : la tension psychologique est réelle et va crescendo dans ce rapport entre le Docteur, Django et Calvin.
Formidable également l’hommage rendu au western spaghetti du début des années 60 (Sergio Leone, Sergio Corbucci…) dont Tarantino a su rendre les cadrages audacieux, les flashs back qui viennent éclairer le désir de vengeance, la violence et la flamboyance. Django unchained est d’ailleurs inspiré du Django de Corbucci (1960). Les musiques font également référence à ce genre, celles notamment reprises d’Ennio Morricone ou de Luis Enriquez Bacalov. Mais les références ne s’arrêtent bien sûr pas là, elles concernent le western des années 60 tout entier comme l’attestent la veste en velours vert et le chapeau orné de clous que porte Django et que portait Little Joe dans Bonanza par exemple.
Les décors eux-aussi rappellent les grands classiques du genre.
Dans Django unchained, le burlesque ou l’ironie du sort viennent souvent désamorcer l’intensité dramatique lorsqu’elle atteint son climax : Tarantino joue avec nos nerfs et nous fait passer de la trouille au soulagement, voire au rire, en un tour de main. Nous nous surprenons à nous laisser volontiers délivrer de ce qui deviendrait insoutenable. Ainsi nous revient en mémoire la chevauchée nocturne cagoulée façon Ku Klux Klan qui se transforme bien vite en un fiasco grotesque d’assassins plus préoccupés par le sac mal cousu qu’ils ont sur la tête et à travers les trous duquel ils ne voient rien, que par leur objectif premier. Il en va de même pour la scène où celui que Django voulait emmener se balader au clair de lune le retrouve en bien mauvaise posture… Tarantino, pour notre plus grand bonheur à nous qui aimons que l’on nous fasse peur, joue merveilleusement bien de l’implant dramatique.