Le sublime film de Paolo Sorrentino présenté à Cannes :

à voir absolument !

     On connaisait déjà le réalisateur pour son apparition dans Le Caïman de Nani Moretti, pour son film Il Divo et pour la satire de la politique et de la mafia italienne dont il est capable.

     Il nous offre ici une oeuvre drôle et extrêmement émouvante qui suscite un autre genre de réflexion. Jep Gambardella en est le personnage principal, un dandy d'un certain âge, merveilleusement interprété par Toni Servillo. Nous suivons ses errances comme nous avons suivi celles du narrateur de A la recherche du temps perdu, mais "du côté" de Rome cette fois-ci, une Rome décadante, filmée le soir au luminion, dans les palais, ou à l'aube dans les doux rayons d'un soleil naîssant. Oui, une oeuvre proustienne, sans conteste, un questionnement sur la condition humaine, sur la mort, une quête du retour à la source, "bocca della verita", celle du souvenir impalpable, de la réminiscence comme pied de nez à la fuite du temps.

    La fuite du temps montrée de manière si émouvante par cet homme qui a été pris en photo chaque jour dès sa naîssance et qui en a tapissé les murs circulaires d'une construction romaine.

  Et puis une formidable satire aussi, du caractère superficiel de la société dans laquelle Jep évolue, où prédomine le souci de l'apparence, les mensonges, la mauvaise foi, et la crainte que le verni ne craquèle. Comme tout cela, ainsi que l'engagement et les performances, même artistiques, semble bien futile face au cheminement vers la mort !

  Un film d'une beauté esthétique saisissante, captant avec sensibilité le détail, mettant en scène et travaillant la photographie à l'instar d'un grand peintre, et suscitant une réelle émotion.